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Nom du blog :
lettraugranier
Description du blog :
Une année de préparation du bac au lycée du Granier
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
16.07.2007
Dernière mise à jour :
07.11.2012

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la cour chez Perrault et Doré

la cour chez Perrault et Doré

Publié le 01/05/2008 à 12:00 par lettraugranier
Rapide corrigé sur la cour dans les contes de Perrault et les gravures de Doré

Problématique précisée : quelle cour les deux artistes représentent-ils ? une cour imaginaire de conte de fée ou un reflet de la cour de Louis XIV ?

I- Les merveilles de la cour (axe orienté autour du registre du conte)
o la cour = le lieu de l’opulence et de la richesse. Pour Perrault, référence nette à la cour de Louis XIV qui, jusqu’à l’austérité de la fin de son règne, attire les courtisans en jouant sur le confort que le séjour à Versailles et dans les autres palais peut apporter. Les merveilles du conte sont donc avant tout celle de la vie de cour que connaît Perrault : festins fastueux dont l’auteur exagère à peine la munificence dans « Riquet » (élément fabuleux néanmoins : le festin est préparé dans la forêt par des mirmidons surgis d’un abîme … mais Louis XIV était aussi friand de ces fantasmagories et les fêtes de Versailles se signalaient par les mises en scènes surprenantes). La fête bat son plein à la fin de « Grisélidis » ; la cour est le lieu des divertissements et des bals (comme dans La Princesse de Clèves) comme dans « Cendrillon »
o le courtisan doit faire honneur au faste de cette vie de cour. Il s’agit de « paraître », c’est-à-dire de se montrer sous ses plus beaux atours. De là l’importance des tenues qui occupe Perrault, le goût de Peau d’Ane pour les belles robes… Les contes, plus largement, constituent un précis des qualités du courtisan : savoir bien parler (qualité qui, transformé par le merveilleux des contes, consiste à cracher perles et diamants quand on ouvre la bouche), mais aussi maîtriser ces dons des fées que l’on attribue à la Belle dans « La Belle au bois dormant » : savoir danser, chanter… C’est le code de l’élégance et de la gentillesse qui se dessine, telle qu’on en trouve une description plus théorique dans l’ouvrage contemporain de l’Italien Castiglione, Le Courtisan.
o Doré, quand il représente la cour, tient compte de ce merveilleux propre à fasciner l’enfant à qui son ouvrage s’adresse. Changement cependant : le graveur n’a pas de réelle notion de la cour de Louis XIV et sa vision est plus fantaisiste, orientée vers un temps passé peu déterminé : belles voûtes des palais gothiques, vêtements amples de la fin de la Renaissance, grossissement des plats ornés sur la table de Barbe Bleue. Il se moque plus des qualités que le courtisan de Versailles soit mettre en œuvre pour se concentrer sur une vision où il retient un luxe ancien plus propre à l’univers des contes en général qu’à une œuvre du XVIIème.

II- La cour où comment y parvenir (axe orienté autour de la vision de la société)
- La cour décrite par Perrault fascine, on peut le concevoir, d’autant plus que le peuple, l’auteur le rappelle, est affaibli par les famines (« Poucet », « Le Maître Chat » + quelques contes où l’on retrouve un roi guerrier, à l’image de Louis XIV qui a fragilisé l’économie française par sa politique de conquêtes). Louis XIV favorise un système de promotion qui oblige les courtisans à rivaliser d’abnégation pour pouvoir se maintenir dans les faveurs du Roi. Perrault lui-même a bénéficié de ce système et le met en scène, sans le critiquer : les plus futés rentrent dans les faveurs des puissants qui, naïveté ou intérêt, les acceptent auprès d’eux. Poucet sait se rendre utile en mettant au profit des femmes de la cour et de son seigneur les bottes de sept lieues ; le maître Chat, surtout, sait flatter le roi, lui faire les cadeaux attendus, le recevoir. Il trouvera la récompense de ses efforts dans une existence de confort, à l’abri du besoin. Ce système, Perrault ne le critique pas, puisqu’il tire des morales où il incite à se servir de son esprit pour se faire valoir et gravir les échelons de la société.
- On retrouve donc une société de cour en mouvement constant où la disgrâce peut frapper à tout instant : n’oublions pas la mauvaise fille des « Fées » qui verra son impolitesse (défaut rédhibitoire à la cour…) punie de sa disparition. C’est sans doute une représentation de cette mort symbolique qui peut attendre celui qui ne sait s’attirer les considérations des Puissants et, surtout, des Princes, qui finissent rejetés de tous, y compris de leurs parents.
- Doré a-t-il perçu ce jeu ? On voit qu’il est sensible à la duperie du chat, qu’il représente sans doute parce qu’elle peut avoir un aspect comique pour l’enfant. Les gravures de ce conte sont cependant ambiguës : la galanterie du chat chaussé de ses bottes s’efface par les plans larges de certaines illustrations. On ressent même une légère critique de l’action de ce damné coquin qu’est le félin dans les gravures où les paysans sont inclinés devant le Maître Chat, tous, y compris le chien prosterné devant ce nouveau Seigneur qu’il ne faut pas contredire.

III- La vie de cour : une vie enviable ? (axe critique)
- Doré a sans doute quelques raisons de ne pas adhérer au système de cour décrit par Perrault. Il faut le resituer dans son contexte : fin du XIXème en France ; la République est connue, on prend en cause la misère du peuple, notamment un des modèles de Doré, le caricaturiste Daumier (cf. sa représentation du massacre de la rue Transnonain et ses caricatures du roi piriforme Louis-Philippe). Doré s’intéresse à la misère du peuple (gravures de « Poucet ») et ridiculise à l’occasion la cour : trognes des courtisans qui entourent le roi dans Peau d’Ane, fraises ridicules et représentation de la cour comme un lieu inquiétant où de frêles princesses sont acculées par toute une foule agressive et bestiale (« Cendrillon »).
- Et c’est paradoxalement ici que Doré retrouve Perrault. De fait, ce dernier n’est pas en reste d’une vision critique de la cour, surtout à l’époque où il écrit les Contes, après sa disgrâce. Perrault critique surtout les excès de cette cour, quand il caricature notamment les Précieuses : maniérées (promptes à se scandaliser de l’emploi du mot « boudin ») ; affectées (comme la princesse devenue subitement subtile de « Riquet » qui s’engage dans des discours indigestes pour ne pas avoir à honorer sa parole…) ; coquettes (les sœurs de « Cendrillon »). Perrault en viendrait presque à préférer la simplicité de la vie naturelle, comme dans « Grisélidis », même si, comme dans toute bonne pastorale, la Princesse a l’élégance de la cour et n’a rien d’une souillon.
- Enfin, on sait Perrault volontiers moqueur. Il n’hésite pas à ajouter un peu de burlesque adressé à cette cour qui l’a rejeté. Les Rois sont souvent à la limite du gâtisme ; les Princes sont « vaillants » par définition, mais celui de «La Belle » n’est pas bien héroïque puisque le bois s’ouvre sans effort devant lui : il se pense un héros plus qu’il ne l’est réellement. Que penser enfin de ce Prince de « Peau d’Ane » qui rode près de sa basse-cour pour chercher l’aventure ? On sent une critique de cette cour qui rêve d’exploits sans être capable d’être réellement héroïque.

Ouverture : on peut penser à d’autres critiques de la vie de cour : passages savoureux chez Saint-Simon ou La Bruyère…